Malgré son envergure d’1,70 m et son plumage plutôt clair, le Circaète Jean-le-Blanc passe inaperçu à l‘œil humain non averti.
Ce rapace migrateur, appelé autrefois « l’Aigle de Bourgogne », est présent dans nos régions de fin mars à octobre. Pour en savoir plus …
En Bourgogne, nous nous situons en limite nord de son aire de répartition naturelle. De plus, la spécificité de son régime alimentaire (presque exclusivement composé de reptiles tels que serpents, lézards, …) et l’impact humain sur ses habitats naturels (coupes de résineux en toute saison y compris pendant la période de nidification, régression ou destruction des pelouses qui constituent ses zones de chasse privilégiées) en font un oiseau rare dans nos contrées (classé comme « en danger » sur la liste rouge régionale).
Mais sa patrimonialité est reconnue à l’échelle européenne. Il fait partie des oiseaux inscrits à l’annexe I de la directive dite "oiseaux" (Directive 2009/147/CE), définissant les Zones de Protection Spéciale (ZPS) du réseau des sites Natura 2000. Le Circaète Jean-le-Blanc est l’une des espèces phares du site Natura 2000 « Arrière Côte de Dijon et de Beaune ».
A ce titre, la Communauté d’Agglomération BEAUNE Côte et Sud, en charge de la gestion de ce site, a lancé une étude en 2018 afin de dénombrer les couples nicheurs sur l’ensemble des 60 720 ha de la ZPS.
Durant toute la période de présence du rapace sur notre territoire, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) s’est astreinte à surveiller les anciens sites connus pour être fréquentés par l’espèce. Les ornithologues ont également guetté toute nouvelle installation dont les observations répétées de l'espèce trahiraient la présence d'un nouveau territoire. Au total, 4 sites ont été suivis au cours du printemps et de l’été afin de récolter des indices probants de nidification du rapace : Auxey-Duresses, Montagne des 3 Croix, Meloisey et Chevannes. Le secteur Beaune-Nantoux a également été surveillé.
Sur la commune d’Auxey-Duresses, l’ancienne aire (nom donné aux nids des rapaces) connue d’un couple de Circaète Jean-le-Blanc a été retrouvée. Le couple de rapaces s’est installé non loin de celle-ci pour se reproduire cette année. Le site est tenu secret afin d'en préserver la tranquillité et garantir la quiétude de l’oiseau. Au cours d’une visite de contrôle, le 25 juillet 2018, un oiseau est aperçu sur l’aire. Il s’agit du jeune de l’année qui, encore non volant, n'a pu s'enfuir à notre approche.
La reproduction étant confirmée, nous décidons de nous concentrer sur les autres sites jusqu’à la fin de saison. Malheureusement, nous n’aurons pas autant de chance avec les autres couples. La discrétion de l’espèce, le manque de visibilité ou d’accessibilité ne nous permettront pas de découvrir d’autres nids. Seules des localisations approximatives pourront être données pour cette année, et un nombre de couples minimum pour la ZPS (3 ou 4 couples, ce qui est assez faible sur 60 720 ha). Néanmoins, un autre couple a certainement donné naissance à un poussin puisque des observations relatent des apports de proies en direction du nid, ce qui laisse penser qu'un jeune est nourrit.
La fin de saison approche, les Circaètes repartiront bientôt en Afrique pour hiverner. Mais que devient notre jeune Circaète d’Auxey-Duresses ? Vu sa taille à la mi-juillet, il doit déjà voler. Peut-être est-il déjà parti de son lieu de naissance …
A suivre ...